Hello mes p’tites patates patriotiques! Ah oui, ce film-là, vous en avez sûrement entendu parler depuis l’accession au pouvoir de Donald Trump, car c’est avec lui que la comédie pas du tout formidable se cristallise en une réalité glaçante que nous devons tous subir. Ce film, c’est Idiocracy!
Sorti en salle en 2006, réalisé par Mike Judge – papa de Beavis & Butthead – Idiocracy se veut être une satyre science-fictionnesque des USA, mettant en avant la baisse générale du QI par le biais de programmes télé débilitant, la surconsommation de sucre, utilisé même pour irriguer les champs, et les valeurs américaines poussées à l’extrême. Notre héros vient de notre époque et se retrouve cryogénisé, arrivant dans ce futur aussi terrifiant visuellement que l’adaptation du bouquin de Stephen King, Running man, ou encore le premier Mortal Kombat, avec Christophe Lambert. Oui, c’est ce niveau. Même en voulant grossir le trait pour dénoncer les travers de l’american way of life, ce film n’est vraiment pas bon, avec un casting pas terrible et des dialogues mettant bien mal à l’aise – vous connaissez le sketch des Nuls, Bande avec les mous? Voilà –
Malgré sa qualité médiocre cependant, Idiocracy reste une vision glaçante d’un possible proche avenir. Oh bien entendu, nous nous serons autodétruits bien avant d’en arriver là, mais quand on pense qu’aujourd’hui en 2018, des enfants à la couleur de peau différente sont encagés, que les peines de mort sont retransmises sur le câble et que l’on favorise les géants de l’agroalimentaire pour nous faire avaler cinq fruits et légumes… Personnellement, ce film ne me fait même plus sourire!
NB : J’ai fais remonté cet article d’une lointaine époque, 2018, et voici donc où nous en sommes en 2020… Prenez toutes et tous bien soins de vous en ces temps de virus, aussi bien sanitaire que économique et politique.
Généralement les « bons » récits d’anticipations ne parlent pas d’un avenir possible, mais d’une réalité bien concrète, légèrement transformée. Faire un pas de côté et prendre un peu de recul pour permettre au plus grand nombre de voir le monde sous un autre point de vue. Et le film de Mike Judge, malgré de grosses faiblesses cinématographiques évidentes (entre autres : gags poussifs et fin douteuse), a le mérite de dresser le portrait assez juste de notre société occidentale. Les exagérations, un peu trop lourdement soulignées peut-être, sont une assez bonne caricature de ce qui se déroule sous nos yeux (les montagnes d’ordures parmi lesquelles nous vivons, la fascination pour les shows avec des voitures de plus en plus grosses, la baisse générale du QI) et qui s’est traduit dans les urnes américaines dix ans après (et les urnes européennes en ce moment) par l’élection d’une caricature populiste à la tête du pays. À mon avis, il ne faut donc pas prendre « Idiocracy » pour « une vision glaçante d’un possible proche avenir » mais comme une sorte de message d’alerte sur la voie dans laquelle notre civilisation s’est engagée. Il ne faut pas oublier que le film est sorti deux ans avant la première élection d’Obama, une époque où l’on avait encore un peu d’espoir dans le pouvoir politique. La faiblesse de ce film réside plutôt, à mon avis, dans la volonté de trop tout tourner en dérision, de ne jouer que sur les gags et de ne pas aller jusqu’au bout de son discours. Il aurait fallu qu’un Todd Solondz, auteur-réalisateur de films aussi grinçants que drôles comme « Happiness », « Storytelling » ou « Bienvenue dans l’âge ingrat » reprenne le projet pour ajouter de la finesse à l’humour et rendre le discours moins grossier. Mais Solondz ne fait pas des films d’anticipation, il parle d’aujourd’hui et c’est peut-être pour cela que ses films sont aussi mal reçus car les gens ne sont pas toujours près à voir en face certaines réalités. C’est plus facile de s’imaginer que cela arrivera dans un futur plus ou moins lointain, on se sent moins concerné. Bref, si ce film est loin d’être un chef d’œuvre, il a le mérite de soulever des questions sensibles et il ne laisse pas complètement indifférent (comme peuvent le faire certaines comédies aussi vite vues, aussi vite oubliées). La meilleure preuve c’est que 12 ans après, Patate des Ténèbres fait un article dessus, sans condamner le film aux limbes des nanars. 😉
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Happiness, voilà un film que j’avais oublié! Merci pour ce commentaire largement plus long que l’article, et merci du partage d’opinion, j’aime bien ça 🙂
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Le trait était trop gros, le héros trop gonflant, pas vu jusqu’au bout.
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l’acteur qui joue le rôle principal est vraiment mauvais.
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Film nul, mais prophétique.
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