My life with master, downton abbey dystopique

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Coucou mes p’tites patates gothiques! Bon alors aujourd’hui, nous allons remonter au début des années 2000, pratiquement la préhistoire pour les millenials! J’avais essayé ce jeu, mal photocopié par un camarade expérimentateur (le vilain), et l’expérience avait été plutôt surprenante, en tout cas loin de nos intrigues dans Eauprofonde, où de la protection des delphinides sous la surface de Poséidon. Ce jeu, j’en ai retrouvé le nom récemment, c’est My life with master, de Paul Czege!

Alors, c’est quoi donc? Eh bien dans My life with master, nos rôlistes vont incarner les serviteurs malmenés d’un maître ou d’une maîtresse des ténèbres (un.e confrère quoi), avec tout ce que cela implique de brimades et d’humiliations au quotidien, ainsi que des missions à caractère répréhensible dans le village du coin. Le truc pourrait se jouer sous forme de jeu de plateau, mais non, c’est bien du jeu de rôles, et Paul Czege nous entraîne dans un corpus de règles assez léger pour ce qui est du nombre de caractères – la version française chez la Boîte à heuhh fait 50 pages, pour la modique somme de 11 euros – mais particulièrement percutant dans sa mise en place. Explications. On démarre en discutant de la forme et du fond concernant le Maître/ Maîtresse, qui possèdent des désirs, des besoins, un aspect et un caractère. Tout cela suffit à planter l’ambiance et l’atmosphère sympathique que subiront les laquais, qui eux sont ensuite définis par trois caractéristiques, le dégoût de soi, la lassitude et l’amour. Les deux premières permettent au maître/ maîtresse d’imposer sa volonté et pousser les serviteurs à commettre des actes répréhensibles, la dernières lie les malheureuses créatures à des villageois.e.s. Les situations se débloquent à l’aide de d4 et de jets en opposition, rien de bien compliqué, mais la mécanique mise en place est au cœur du jeu, car ce sont les déséquilibres entre ces caractéristiques qui vont précipiter la fin de la session; En effet, lorsqu’un serviteur voit son Amour plus fort que la somme de ses deux autres valeurs, il/ elle est en mesure de s’opposer à la volonté du maître/ de la maîtresse – généralement, apparemment, cela se termine par le meurtre direct ou pas de ce/ cette dernier.e –

C’est vraiment très bon. Ma seule partie de My life with master fut assez brève, sans que nous ne puissions nous défaire de l’emprise infernale du maître, mais ce fut intense. La lutte pour s’affranchir de nos chaînes psychologiques transparaît dans ces trois fichues caractéristiques, et le dégoût de soi, comme la lassitude, semblent ne jamais devoir baisser. Au fur et à mesure des bassesses que nous devons accomplir, et que les pauvres villageois et villageoises souffrent par notre faute, il devient évident que ce jeu à un fort potentiel émotionnel, c’est d’ailleurs le parfait exemple pour l’établissement du contrat social, désormais trèèès important lorsque l’on pratique ce loisir avec un poil de maturité. Pour plus d’informations à ce sujet, je vous recommande une série d’articles nécessaires, sur le site de Places to go, People to be ICI. L’usage de la X card me semble également incontournable, et je vous renvoi vers un très bon article d’Axelle Bouet, ICI, à ce sujet.

Alors évidemment, présenté comme cela, le bidule à l’air dangereux, les héritiers de Mireille Dumas crieront au satanisme en se frottant les mains pour les prochaines émissions-poubelles possibles. Mais comme toute une gamme de jeux narrativistes se développant depuis les années 2000, My life with master propose simplement une expérience ludique mature, allant très loin autour d’un thème, d’une ambiance, qui certes ne sont pas des plus joyeux. Explorer la noirceur de l’âme et la violence psychologique peut être une bonne chose, incorporer cette recherche dans un jeu amène, j’en suis persuadé, autant de réflexion et de plaisir qu’un bête bashing de monstres dans un délire architectural et donjonneux. Donc oui, je vous recommande fortement ce jeu de Paul Czege, qui aura trouvé avec ce My life with master un moyen d’évasion ludique tout à fait exotique!

Capture
My life with master par Claudia Cangini

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